Article #3 – Goodwell
Et si la Raison d’Être réconciliait tout le monde ?
“Nous avons travaillé sur une super Raison d’Être, mais je n’en parle pas aux clients, je suis trop débordé par le quotidien.” Qui ne connaît pas une entreprise dont les collaborateurs sont happés par l’opérationnel ? Et pour qui prendre le temps de mettre en œuvre des projets de fond représente un obstacle majeur ?
L’entreprise de B., Directeur d’une antenne territoriale, s’est donné une Raison d’Être ambitieuse : conduire ses clients vers une société décarbonée, dans un secteur d’activité lié à l’énergie fossile. Le paradoxe est dense, le défi audacieux, la réalisation complexe, mais l’urgence évidente. Pour être à la hauteur de l’ambition, il serait nécessaire de prendre du recul pour mobiliser les équipes autour de cette raison d’être. Cependant intégrer une telle démarche dans le fil de l’activité demande du temps et de l’énergie dans un quotidien bien chargé.
Dans la réalité, l’entreprise de B. fonctionne en silos étanches, chacun est focalisé sur ses indicateurs personnels ou de service. Et les clients n’ont jamais entendu parler de cette démarche. Alors, la Raison d’Être : Plan de com ? Rêve ? Greenwashing ?
Parmi les nombreux bénéfices à se doter d’une raison d’être, on trouve celui de faire converger toutes les forces de l’entreprise. En renouvelant le projet collectif, elle redéfinit le cap commun qui donne sens à l’action collective et individuelle. Lorsque les entreprises se lancent dans une telle réflexion, Codir et collaborateurs appréhendent parfois d’agiter des idées certes intéressantes, mais un peu « philosophiques » quand même, et surtout éloignées de la charge quotidienne. Ces idées sont néanmoins souvent essentielles pour fixer le cap.
Selon notre vision, la raison d’être vient colorer toute l’activité. Chaque décision, petite ou grande, va désormais se prendre à l’aune de la raison d’être : celle-ci définit les critères de choix comme le cadre de l’action. Notamment en mettant en place une organisation adéquate ; on ne fait pas toujours du neuf avec du vieux. Le rythme opérationnel doit donc être imprégné de cette démarche, étape après étape, en gardant en tête le sens général.
L’avantage est de créer des petites victoires de court terme qui viennent impulser les projets et porter la transformation de long terme. Tout cela garantit que ce but commun devienne réalité jour après jour, car il définit notre impact positif et la contribution collective à un grand projet inspirant, porteur de sens et motivant pour les collaborateurs.
En définitive, il s’agit de faire le grand écart entre un opérationnel prenant et un (très) long terme attirant. Mais si elle ne s’insère pas dans le quotidien, la raison d’être ne verra jamais le jour. Et restera l’Arlésienne pour tous, salariés comme clients.
Souhaitez-vous que votre entreprise soit alignée et performante ? Que la raison d’être vous fasse pivoter vers une proposition de valeur ambitieuse ? Voici quelques pistes : mobilisez le Codir autour de la raison d’être, prenez 80% de vos décisions et organisez 80% de vos process de production pour la porter. Mettez en place l’organisation qui se hisse à la hauteur de vos projets, étape par étape. Et pour permettre tout cela, renforcez la culture de coopération entre vos collaborateurs. Finalement, que risquez-vous à être ambitieux ?
Nobert Mallet, Associé chez Vivendo & Nicolas Hullot, Responsable Goodwell